MISE EN CONTEXTE
La
situation de la drogue interpelle le gouvernement au plus haut niveau jusqu’à
faire de la lutte contre la drogue une priorité en y accordant une place de
choix dans sa politique générale de renforcement institutionnel. Ce document
qui rassemble différentes sources de données tentera de mettre à nue la
situation de la drogue dans le pays pour la période 2011-2016.
La
Problématique de la drogue en Haïti : Analyse de quelques indicateurs
relatifs à l’offre et à la demande de drogue
Le trafic
illicite de stupéfiants et la consommation abusive de psychotropes représentent
des menaces au développement et aux progrès des nations en proie à ce fléau.
Haïti à cause de sa position géographique attire les narcotrafiquants qui
utilisent cet espace pour faire transiter des drogues telles que la
cocaïne et la marijuana. Ce phénomène nuit à la santé économique du pays,
aggrave les problèmes de santé publique et entrave les efforts entrepris pour y
instaurer un climat de sécurité.
Principaux indicateurs relatifs aux opérations de
drogue
1) Evolution
du nombre d’opérations de drogue pour la période 2011-2015
Le nombre d’opérations de drogue
effectuées sur la période 20011-2015[1]indiquent
une tendance présentant une courbe concave, traduisant une hausse des
opérations menées de 2011 à 2013, puis, une baisse de 2013 à 2014. Ceci
s'explique parce que bon nombre d'efforts depuis 2012 ont été faits par l'Etat
Haïtien avec le concours de ses partenaires internationaux, dont les Etats Unis
en tête de fil, pour améliorer les services de répression. Par exemple, en aout
2013, une base navale aux Cayes a été inaugurée pour lutter contre le trafic
par mer. Enfin, il importe de noter également qu'en 2014, Les Etats-Unis ont
offert au BLTS plus d'une vingtaine de véhicules tout terrain, ainsi que deux
bateaux rapides, pour améliorer les outils intervenant dans la lutte. Ainsi, se
basant sur les données du graphique ci-dessous, on peut dire qu’en moyenne il
se produit environ 80 opérations de drogue par année.
2)
Saisie
de marijuana et de cocaïne
Les
opérations réalisées par le Bureau de Lutte contre le trafic illicite de
Stupéfiants (BLTS) au cours de la période 2011-2015 ont conduit à la saisie de
9.6 tonnes de marijuana et de 540 kilogrammes de cocaïne. En 2012, on note la
saisie de 299 247 grammes de marijuana et 335 290 grammes de cocaïne; En 2014, on
constate la plus grande saisie de marijuana sur la période, soit 4.3 tonnes de
marijuana. En estimant le prix des kilos de cocaïne et de marijuana sur le
marché haïtien à respectivement 40 000 dollars US et 2000 dollars US, la valeur
marchande de ces quantités saisies équivaut à 21.6 millions pour la cocaïne et
19.2 millions dollars pour la marijuana.
Quelques quantités de crack, de LSD, d'amphétamine et d'Héroïne ont été
également saisies pendant la période 2011-2015. Cependant, il est à noter que
le problème de la drogue au niveau national concerne surtout la marijuana et la
cocaïne. Notons que des efforts sont faits dans le contrôle du trafic par mer,
notamment avec la saisie en 2015 d'un bateau dénommé Manzarares transportant de l'héroïne.
Saisies de
drogues par le BLTS de 2011 à 2015
Année
|
Saisie Marijuana
|
Saisie Cocaine
|
Crack
|
Amphétamine
|
Heroine
|
LSD
|
2011
|
502
|
13
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2012
|
299.247
|
335.29
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2013
|
1,787.362
|
26.784
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2014
|
4,321.08
|
5
|
0.001
|
0.03
|
-
|
|
2015
|
2,702.15
|
160.071
|
-
|
-
|
15.7
|
0.404
|
TOTAL
|
9,612
|
540
|
0.001
|
0.03
|
16
|
0.404
|
Source:
Base de données OHD et Rapport du BLTS
3) Saisie
de matériels
Outre les substances
stupéfiantes saisies lors des opérations de drogue, pour l’année 2013 les opérations conduites par le
BLTS ont abouti à la saisie de 1, 151,245 USD et de 38,590 gourdes.
Douze (12) armes à feu ont été saisies et confisqués au cours de cette même
année[2]
. Sur les cinq ans, la somme d'argent saisie en dollars est de 1, 712,475 $ USD.
Comme il peut être constaté au
tableau ci-dessous, c’est au cours de l’année 2013 qu’il y a eu le plus grand
nombre d’arrestations, soit un total de 203 personnes arrêtées contre 145 (en 2014),
124 (en 2012), 101 (en 2015) et 88 (en 2011). Ce qui donne donc un total de 661
arrestations entre 2011 et 2015.
Personnes
arrêtées par sexe
Année
|
Nombre de personnes arrêtées
|
Homme
|
Femme
|
2011
|
88
|
79
|
9
|
2012
|
124
|
110
|
14
|
2013
|
203
|
169
|
39
|
2014
|
145
|
128
|
17
|
2015
|
101
|
81
|
20
|
Total
|
661
|
567
|
99
|
L’autre aspect important qu’il
faut considérer est le suivi judiciaire des personnes arrêtées. A tout moment, on
doit être en mesure de savoir le nombre de condamnations. Par exemple pour
l’année 2011, on en a enregistré 31 cas de condamnation dont 29 hommes et 2
femmes[4].
De plus, Les données indiquent
que les personnes arrêtées au cours des opérations de drogue sont
majoritairement des hommes. En effet, entre 2011 et 2015, il est constaté
qu’environ quatre-vingt-six pour cent (86%) des personnes arrêtées
étaient des hommes et seulement quatorze
pour cent (14%) des femmes.
Enfin, Sur un ensemble de 338
personnes dont on a pu recueillir les informations sur la nationalité, 12.4%
des narcotrafiquants sont de nationalité étrangère dont 4 Colombiens, 3 Bahamiens et 3 Américains, 2 Dominicains et 2 Vénézuéliens
pour ne citer que ceux-là.
Au final, il est à signaler que
la marijuana et la cocaïne demeurent les drogues les plus saisies au cours des
opérations du BLTS et c’est à Port-au-Prince que le plus grand nombre
d’opérations a été mené. Il faut donc commencer à mettre en œuvre des
structures pouvant permettre au BLTS s’étendre au niveau des autres grandes
villes du pays. Il est à souligner aussi qu’il est important de doter la DPM/MT
d’outils de tests plus effaces pour pouvoir détecter le degré de pureté des
drogues saisies.
Des données relatives à la demande de drogue
Les drogues illicites les plus
consommées en Haïti sont la marijuana et la cocaïne. En effet, il est
attesté que la cocaïne et la marijuana atteignent des pourcentages respectifs
de 3.2 % et 2.3% chez les élèves du secondaire. Toutefois, comparativement aux
données de 2009, une certaine baisse est constatée pour des drogues licites
telles que l'alcool et la cigarette. Il faut alors féliciter les efforts de la
CONALD qui a entrepris des activités de prévention après l’enquête scolaire de
2009 en vue de sensibiliser les jeunes écoliers sur le danger que représentent
les drogues. Cependant, la consommation de certaines drogues illicites est en
hausse par rapport à l’année 2009. C’est le cas pour les substances inhalées et
le crack qui affichent respectivement une prévalence de 6.4% et de 2.5% en
2014, alors qu’en 2009 elles atteignaient respectivement 2.01% et 1.02%.
Prévalence
des substances utilisées et analyse comparative entre 2009 et 2014
|
||||||
Substances
|
De
vie
|
D'année
|
De
mois
|
|||
%
2009*
|
%
2014**
|
%
2009*
|
%
2014**
|
%
2009*
|
%
2014**
|
|
Cigarettes
|
14.99
|
12.1
|
5.01
|
6.2
|
3.91
|
4.8
|
Alcool
|
59.55
|
55
|
37.51
|
34.3
|
26.57
|
21.8
|
Tranquillisants
|
28.90
|
11.3
|
15.04
|
6.6
|
11.47
|
4.4
|
Stimulants
|
22.58
|
7.8
|
11.36
|
3.6
|
8.58
|
1.6
|
Substances
inhalées
|
5.44
|
6.4
|
2.27
|
4.5
|
1.33
|
2.1
|
Marijuana
|
2.01
|
3.2
|
0.65
|
2.4
|
0.45
|
1.1
|
Cocaïne
HCL
|
2.04
|
2.3
|
0.59
|
1.7
|
0.37
|
.9
|
Crack
|
1.02
|
2.5
|
0.48
|
1.9
|
0.20
|
1.1
|
N'importe
quelle drogue illicite
|
15.64
|
23.4
|
5.84
|
14.6
|
4.02
|
6.2
|
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Les informations présentées
ci-dessus ne représentent qu’un faible pourcentage des données nécessaires à faire l'évaluation de la situation de la
drogue dans le pays. Bon nombre d'études devant être réalisées ne le sont pas,
en particulier une enquête nationale sur la prévalence des drogues au sein de
la population générale ; cela est dû foncièrement à un problème budgétaire
chronique au sein de l’institution depuis plus de cinq (5) ans.
Dans
le contexte de l'évaluation de la Stratégie Nationale de Lutte contre la drogue
2010-2015, et de la préparation de la nouvelle stratégie 2016-2020, le bureau de coordination de la CONALD développe différentes actions en
vue de freiner le trafic de drogue et de protéger la population contre l'abus
de ces substances. De plus, le bureau de coordination réalise des recherches
sur les questions de drogues dans le but de mieux appréhender le phénomène.
Différentes
mesures ont été adoptées comme par exemple les premières démarches nécessaires
à la création d'un groupe de travail (task
force) chargé de contrôler l'émergence de nouvelles drogues non
répertoriées dans les Conventions internationales (ION Haïti).
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