mercredi 7 décembre 2016

SITUATION DE LA DROGUE EN HAITI Pour la période 2011-2015. Apercu par l'Observatoire Haïtien des drogues



MISE EN CONTEXTE

            La situation de la drogue interpelle le gouvernement au plus haut niveau jusqu’à faire de la lutte contre la drogue une priorité en y accordant une place de choix dans sa politique générale de renforcement institutionnel. Ce document qui rassemble différentes sources de données tentera de mettre à nue la situation de la drogue dans le pays pour la période 2011-2016.
La Problématique de la drogue en Haïti : Analyse de quelques indicateurs relatifs à l’offre et à la demande de drogue
Le trafic illicite de stupéfiants et la consommation abusive de psychotropes représentent des menaces au développement et aux progrès des nations en proie à ce fléau. Haïti à cause de sa position géographique attire les narcotrafiquants qui utilisent cet espace pour faire transiter des drogues telles que la cocaïne et la marijuana. Ce phénomène nuit à la santé économique du pays, aggrave les problèmes de santé publique et entrave les efforts entrepris pour y instaurer un climat de sécurité.
Principaux indicateurs relatifs aux opérations de drogue
1)      Evolution du nombre d’opérations de drogue pour la période 2011-2015
Le nombre d’opérations de drogue effectuées sur la période 20011-2015[1]indiquent une tendance présentant une courbe concave, traduisant une hausse des opérations menées de 2011 à 2013, puis, une baisse de 2013 à 2014. Ceci s'explique parce que bon nombre d'efforts depuis 2012 ont été faits par l'Etat Haïtien avec le concours de ses partenaires internationaux, dont les Etats Unis en tête de fil, pour améliorer les services de répression. Par exemple, en aout 2013, une base navale aux Cayes a été inaugurée pour lutter contre le trafic par mer. Enfin, il importe de noter également qu'en 2014, Les Etats-Unis ont offert au BLTS plus d'une vingtaine de véhicules tout terrain, ainsi que deux bateaux rapides, pour améliorer les outils intervenant dans la lutte. Ainsi, se basant sur les données du graphique ci-dessous, on peut dire qu’en moyenne il se produit environ 80 opérations de drogue par année. 
2)      Saisie de marijuana et de cocaïne
Les opérations réalisées par le Bureau de Lutte contre le trafic illicite de Stupéfiants (BLTS) au cours de la période 2011-2015 ont conduit à la saisie de 9.6 tonnes de marijuana et de 540 kilogrammes de cocaïne. En 2012, on note la saisie de 299 247 grammes de marijuana et 335 290 grammes de cocaïne; En 2014, on constate la plus grande saisie de marijuana sur la période, soit 4.3 tonnes de marijuana. En estimant le prix des kilos de cocaïne et de marijuana sur le marché haïtien à respectivement 40 000 dollars US et 2000 dollars US, la valeur marchande de ces quantités saisies équivaut à 21.6 millions pour la cocaïne et 19.2 millions dollars pour la marijuana.  Quelques quantités de crack, de LSD, d'amphétamine et d'Héroïne ont été également saisies pendant la période 2011-2015. Cependant, il est à noter que le problème de la drogue au niveau national concerne surtout la marijuana et la cocaïne. Notons que des efforts sont faits dans le contrôle du trafic par mer, notamment avec la saisie en 2015 d'un bateau dénommé Manzarares transportant de l'héroïne.
Saisies de drogues par le BLTS de 2011 à 2015
Année
Saisie Marijuana
Saisie Cocaine
Crack
Amphétamine
Heroine
LSD
2011
502
13
-
-
-
-
2012
299.247
335.29
-
-
-
-
2013
1,787.362
26.784
-
-
-
-
2014
4,321.08
5
0.001
0.03

-
2015
2,702.15
160.071
-
-
15.7
0.404
TOTAL
9,612
540
0.001
0.03
16
0.404
Source: Base de données OHD et Rapport du BLTS

3)      Saisie de matériels
Outre les substances stupéfiantes saisies lors des opérations de drogue, pour  l’année 2013 les opérations conduites par le BLTS ont abouti à la saisie de 1, 151,245 USD et de 38,590 gourdes. Douze (12) armes à feu ont été saisies et confisqués au cours de cette même année[2] . Sur les cinq ans, la somme d'argent saisie en dollars est de 1, 712,475 $ USD.
4)      Evolution des personnes arrêtées sur la période 2011-2015[3]
Comme il peut être constaté au tableau ci-dessous, c’est au cours de l’année 2013 qu’il y a eu le plus grand nombre d’arrestations, soit un total de 203 personnes arrêtées contre 145 (en 2014), 124 (en 2012), 101 (en 2015) et 88 (en 2011). Ce qui donne donc un total de 661 arrestations entre 2011 et 2015. 
Personnes arrêtées par sexe
Année
Nombre de personnes arrêtées
Homme
Femme
2011
88
79
9
2012
124
110
14
2013
203
169
39
2014
145
128
17
2015
101
81
20
Total
661
567
99

L’autre aspect important qu’il faut considérer est le suivi judiciaire des personnes arrêtées. A tout moment, on doit être en mesure de savoir le nombre de condamnations. Par exemple pour l’année 2011, on en a enregistré 31 cas de condamnation dont 29 hommes et 2 femmes[4].
De plus, Les données indiquent que les personnes arrêtées au cours des opérations de drogue sont majoritairement des hommes. En effet, entre 2011 et 2015, il est constaté qu’environ quatre-vingt-six pour cent (86%) des personnes arrêtées étaient des hommes et seulement quatorze pour cent (14%) des femmes.
Enfin, Sur un ensemble de 338 personnes dont on a pu recueillir les informations sur la nationalité, 12.4% des narcotrafiquants sont de nationalité étrangère dont 4 Colombiens,  3 Bahamiens et  3 Américains, 2 Dominicains et 2 Vénézuéliens pour ne citer que ceux-là.
Au final, il est à signaler que la marijuana et la cocaïne demeurent les drogues les plus saisies au cours des opérations du BLTS et c’est à Port-au-Prince que le plus grand nombre d’opérations a été mené. Il faut donc commencer à mettre en œuvre des structures pouvant permettre au BLTS s’étendre au niveau des autres grandes villes du pays. Il est à souligner aussi qu’il est important de doter la DPM/MT d’outils de tests plus effaces pour pouvoir détecter le degré de pureté des drogues saisies.
Des données relatives à la demande de drogue
Les drogues illicites les plus consommées en Haïti sont  la marijuana et la cocaïne. En effet, il est attesté que la cocaïne et la marijuana atteignent des pourcentages respectifs de 3.2 % et 2.3% chez les élèves du secondaire. Toutefois, comparativement aux données de 2009, une certaine baisse est constatée pour des drogues licites telles que l'alcool et la cigarette. Il faut alors féliciter les efforts de la CONALD qui a entrepris des activités de prévention après l’enquête scolaire de 2009 en vue de sensibiliser les jeunes écoliers sur le danger que représentent les drogues. Cependant, la consommation de certaines drogues illicites est en hausse par rapport à l’année 2009. C’est le cas pour les substances inhalées et le crack qui affichent respectivement une prévalence de 6.4% et de 2.5% en 2014, alors qu’en 2009 elles atteignaient respectivement 2.01% et 1.02%.
Prévalence des substances utilisées et analyse comparative entre 2009 et 2014
Substances
De vie
D'année
De mois
% 2009*
% 2014**
% 2009*
% 2014**
% 2009*
% 2014**
Cigarettes
14.99
12.1
5.01
6.2
3.91
4.8
Alcool
59.55
55
37.51
34.3
26.57
21.8
Tranquillisants
28.90
11.3
15.04
6.6
11.47
4.4
Stimulants
22.58
7.8
11.36
3.6
8.58
1.6
Substances inhalées
5.44
6.4
2.27
4.5
1.33
2.1
Marijuana
2.01
3.2
0.65
2.4
0.45
1.1
Cocaïne HCL
2.04
2.3
0.59
1.7
0.37
.9
Crack
1.02
2.5
0.48
1.9
0.20
1.1
N'importe quelle drogue illicite
15.64
23.4
5.84
14.6
4.02
6.2

 

CONCLUSION ET PERSPECTIVES


Les informations présentées ci-dessus ne représentent qu’un faible pourcentage des données nécessaires  à faire l'évaluation de la situation de la drogue dans le pays. Bon nombre d'études devant être réalisées ne le sont pas, en particulier une enquête nationale sur la prévalence des drogues au sein de la population générale ; cela est dû foncièrement à un problème budgétaire chronique au sein de l’institution depuis plus de cinq (5) ans.
            Dans le contexte de l'évaluation de la Stratégie Nationale de Lutte contre la drogue 2010-2015, et de la préparation de la nouvelle stratégie 2016-2020,  le bureau de coordination  de la CONALD développe différentes actions en vue de freiner le trafic de drogue et de protéger la population contre l'abus de ces substances. De plus, le bureau de coordination réalise des recherches sur les questions de drogues dans le but de mieux appréhender le phénomène.
            Différentes mesures ont été adoptées comme par exemple les premières démarches nécessaires à la création d'un groupe de travail (task force) chargé de contrôler l'émergence de nouvelles drogues non répertoriées dans les Conventions internationales (ION Haïti). 


[1] Pour l'année 2015, les données analysées portent sur la période de Janvier à Novembre. L'analyse complète de l'année est en cours d'analyse.
[2] BLTS, Rapport annuel 2013
[3] Ces informations se basent uniquement sur les données disponibles à  l’OHD.
[4] Source : Rapport BLTS 2011.

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